il n'y a pas si longtemps que ça on se réunissait entre copains copines pour une soirée " diapositives ". C'était quelque fois un peu long et à la fin souvent seul le projectionniste , qui avait fait et le voyage et les diapos , était encore attentif ... mais il y avait toujours cette bouteille "d'alcool incroyable" ramenée de "là-bas" ... et les discutions à n'en plus finir ... Encore avant dans le temps il y avait à la fin des "repas de famille" les albums photos qu'on posait respectueusement sur la nappe de la salle à manger débarrassée des dernières miettes de pain ... groupée autour de la table toute la famille regardait les photos dans l'odeur du café et des fumées de cigarette . Encore avant c'était la boite en ferraille ouverte cérémonieusement, et s'étalaient alors les photos de toutes tailles qui passaient de main en main ... les anecdotes provoquaient rires ou larmes ...
" Aujourd'hui c'est plus pareil, ça change ça change ... "
mais ce site c'est ma boite en ferraille
et mes photos pêle-mêle ...
soupirail soupirant d'aise
KIDU
mais alors c'est terriblement personnel ? Oui ! oui et non ...
ces images sont terriblement marquées par une époque
pas seulement des histoires mais l'Histoire , ces images
reflètent une certaine façon de vivre , une philosophie
retrouvons le matérialisme dialectique une minute
et pourquoi pas Barthes
" c'est simple il fallait y penser ... "
la route et la table
des coquelicots nains poussaient sur le terrain où nous envisagions un avenir confortablement incertain
intermittent du sommeil
dérapages
les certitudes disparaissant avec l'âge
que reste-t-il
en dedans des orbites maculées
vertiges
ici où la mer se retire
risques
s’intéresser à autre chose
c’était un hameçon en os finement ciselé
c'est pas toujours raisonnable de se mettre à table
sur le plateau en bois de la table
il y a les traces rondes des verres de rouge
à coté de la poussière de fusain
sur la table suivre des yeux la petite bestiole
qui vient d’échapper à l'écrasement par mon index
( celui qui montre la lune )
elle s'est arrêtée comme par un pressentiment
elle reprend sa marche lentement
dans sa carapace grise et bleue elle sait où elle va me semble-t-il
elle change brusquement de route
j 'approche mon visage le nez à la toucher
j'ai soudain la même sensation
l'approche d'une baleine au large de Lanzarote
les plus petits symptômes du bien-être
apparaissent dès le plus jeune âge,
parfois la pluie sur le visage, le vent dans les cheveux, l'odeur du pain
pousser de la main les miettes de pain restées sur la table
plus tard l'odeur de la poussière de la route
certaines folies sont à mettre sur le compte du raisonnable la route est longue
rien ne paraissait plus évident que de cueillir des fleurs sauvages
sur les talus bordant encore certains champs du bocage
et pourtant je n'aimais pas les bouquets de fleurs
soigneusement composés dans leurs vases
soigneusement choisis et
soigneusement posés sur un napperon au milieu de la table
plus tard les pétales tomberaient sur la table
déjà jaune de la poudre des pistils
il faudra changer l'eau une dernière fois
et puis sortir le bouquet du vase en évitant les gouttes sur la table
et le jeter sur le compost
le châssis de bois pour tendre la toile la pince à tendre et les clous de tapissier la toile tendue et encollée le carnet de croquis sur la table basse reste à trouver le souffle
abracadabra
et si le bonheur c’était quelque chose comme ça ...
ou ça ...
ou ça ...
d'Ouessant à San Francisco ...
